L’année dernière j’ai pris conscience que je consommais trop mon téléphone de manière addictive. Comment je m’en suis rendu compte ? Ce n’est pas la première addiction dans ma vie et pour être honnête toutes les addictions se ressemblent à plusieurs niveaux. D’abord la raison d’une addiction est souvent le résultat d’un besoin de fuir la réalité. En général pour fuir la réalité mais avant tout pour fuir ses propres pensées qui sont incontrôlables et ne provoquent que misère et angoisse. Ensuite la pratique. Comme toute addiction après chaque consommation excessive on se dit que c’est la dernière fois, comme après une bonne cuite, et pourtant la première chose que l’on fait le weekend suivant c’est de refaire la même chose. Il y a une incapacité à faire ce que l’on voudrait vraiment faire d’ou l’addiction. Ensuite les bienfaits. Au-delà de la fuite du présent il y a du bon dans la consommation d’une drogue, elle nous apporte réconfort, bien être ou autre.
Mes Premières heures sans téléphone
Dès le matin au réveil j’ai eu ce besoin compulsif de lire les news ou de savoir ce qui se passait. N’ayant pas de téléphone j’ai dû aller acheter le journal. J’ai ainsi lu des nouvelles que je n’aurais lu nulle part ailleurs. J’ai réalisé que même si on a le choix de lire ce que l’on veut sur le net on ne lit pas forcement des choses utiles. Lire des informations dans le journal nous reconnecte avec notre environnement en fonction de la prétention du journal ( local, national ou international)
Ensuite j’ai tout de suite eu l’impression que lire un journal sur papier et sur téléphone n’ont pas du tout les mêmes effets. J’ai réalisé cela avec les e-books et l’effet que me procure la sensation de lire un livre papier. J’ai l’impression que les effets sur le cerveau et que la façon dont mon cerveau réagit à la lecture change. Je me souviens beaucoup mieux de ce que je lis sur papier que sur mon téléphone. Peut-être que sur le téléphone je vois tellement de choses que les informations utiles sont noyées dans les informations inutiles et que mon cerveau ignore le surplus d’information tandis que sur papier, comme je lis peut-être moins, mon cerveau mémorise ces informations car considérées utiles et pertinentes car plus rares.
L’addiction – Gestion du manque
La vraie drogue du téléphone n’est pas tant le contenu mais le besoin de regarder son écran pour vérifier ses notifications. Combien de fois vérifiez-vous votre téléphone pour vous rendre compte qu’il n’y a rien de nouveau alors que vous êtes en pleine conversation avec des amis, ou alors c’est un ami qui le fait sans s’en rendre compte.
Pour ma part j’ai eu ce besoin toute la journée, comme un comportement automatique. A chaque fois que je ne savais pas quoi faire je cherchais à mettre mes yeux sur mon téléphone.
J’ai remarqué alors que trainer sur son téléphone provoquait le même état d’esprit que lorsque l’on regarde la télé. Les ondes Gama générées dans le cerveau sont similaires aux ondes cérébrales que l’on observe lors d’une hypnose. Le téléphone a le même pouvoir de générer ces hypnoses. Le problème c’est que l’on ne fait pas face à ses pensées qui peuvent se révéler très utiles.
Par exemple aller au toilette sans votre téléphone et sans magazine ou produit cosmétique dont vous pouvez lire les instructions cent fois et vous vous retrouverez seul avec vous-même et CA c’est la situation que l’on cherche à fuir.
Pourquoi essayer de se fuir alors qu’on l’on est attaché à soi-même?
jbv
Il est amusant de noter chez les autres personnes aussi ce comportement automatique de sortir son téléphone, regarder l’écran, ne rien voir et le remettre dans sa poche. Il y a comme un acquittement du fait qu’il n’y a rien à regarder sur mon téléphone, pas de messages, pas de notifications.
Il y a une servitude de l’attention aux informations qui nous proviennent via le téléphone et il n’y a pas vraiment de choix conscient ou de réflexion sur ce que nous cherchons sur ce dernier.
Les vrais besoins resurgissent
Ne pas pouvoir vérifier son téléphone 10 fois par heure est une chose mais dans ce monde connecté, surtout pendant le travail, on se rend bien compte de la fonction d’échange qu’il permet. Cela permet de voir quelle communication est vraiment utile. Si une discussion est vraiment utile vous pouvez toujours essayer d’avoir cette discussion si elle est vitale via un autre moyen. ( Facebook, instagram, scouater un téléphone, utiliser un téléphone Fixe)
Le plus dure est de faire confiance aux autres et à soi-même.
Imaginez que vous deviez retrouver des amis pour aller boire un coup comme planifié il y a 3 jours. Vous devez vous rendre à l’endroit sans GPS, attendre quelque part et être sur que vos amis se présenteront là où vous pourrez les voir. Le pire est que vous devrez attendre sans votre téléphone, peut-être rencontrerez-vous alors votre âme soeur.
Les Risques
Le seul risque est de ne pas pouvoir gérer une vraie situation de crise mais je conseil de faire cet exercice un jour de la semaine plutôt standard sans trop d’imprévus et de refaire l’exercice de temps en temps pour analyser son comportement et ses pensées. En général, après une telle expérience, nos comportements changent.
Par exemple je me suis rendu compte que je devais être sur mon écran 30 minutes par jour au boulot pour me détendre. Mais au lieu de trainer sur Instagram, que j’ai désinstallé, je traine sur des blogs où je lis des articles pertinents car c’est la SEULE chose que j’ai laissé sur mon téléphone en plus des jeux.
Changer son environnement est la première étape pour changer n’importe quelle habitude ou addiction. Car si vous ne pouvez pas vous passer de votre téléphone physiquement durant la journée, commencez par vous déconnecter de certaines applications et essayez de voir comment cela ce passe si vous n’y avez plus accès ( désinstallez Instagram ou Snapchat et analysez vos réactions quand vous cherchez à aller sur l’application)
Je vous renvoie vers mon article sur les habitudes si cela vous intéresse.
https://jeanbaptistevernel.com/les-3-cles-pour-changer-nimporte-quelle-habitude-nefaste/
Conclusion
Nous sommes tous des toxicomanes à l’ère de l’économie de la connaissance et il ne tient qu’à nous ( via des programmes de désintoxication ) de reprendre le contrôle de nos vies et d’en faire ce qui nous voulons.